Pourquoi l'avoir classé dans "gore " ?
Passons...
J’adore ce film.
La première fois, je l’ai vu comme un gros délire d’humour noir, grinçant et cynique. C’est fun, y’a du sang, du tout bon ! Les intentions du réalisateur m’apparaissaient un peu flou, le scénario brassant plusieurs thèmes assez différents, tels que l’éducation, la solidarité, l’amitié, l’accomplissement, l’espoir…
Puis, au fil des visions, j’ai fini par m’imprégner du propos. Car il y en a un ! Le pire, c’est qu’il me paraît à présent parfaitement cohérent.
L’action se situe dans un avenir proche. La jeunesse est en révolte contre les adultes. Elle ne veut plus suivre les règles. Ne va plus à l’école. Attaque les profs quand l’occasion lui en est donnée. Pour contrer ces rébellions, l’état décide de légiférer. La loi « BR » est alors votée. Elle consiste à isoler les élèves d’une même classe sur une île déserte et à les obliger à s’entretuer. Seul le vainqueur aura le droit de vivre et de réintégrer la société.
Un système d’élimination de la mauvaise graine, en quelque sorte.
Sauf que dès les premières images du film, on sent que les adultes eux-mêmes ne croient pas vraiment en la légitimité de cette loi. Ils sont désabusés, découragés, et donnent souvent l’impression de comprendre la réaction de la jeunesse, tout en étant dans l’impossibilité de l’accepter.
Cette contradiction très forte est symbolisée par le personnage du prof, qui passe de tortionnaire ultra réac à pauvre type suicidaire.
Chaque élève à ses raisons de suivre ou pas les règles de la loi B.R. Certains refusent, et se suicident. Oui, mais est-ce réellement un objectif dans la vie, de vouloir mourir ? Non.
Le réalisateur utilise des écrans narratifs, un peu comme dans les films muets, pour souligner des questions d’apparence anodines, mais qui deviennent avec le recul, cruciales – voire, poignantes.
De nombreuses scènes dont on ne retient que le côté « bourrin » prennent, dès que l’on réfléchi un peu, une tournure bien plus dramatique, bien plus émotionnelle.
« Es-tu amoureux ? » « Pourquoi m’a t-elle souri avant de mourir ? » « Je voulais juste ne plus être une perdante » « Est-ce que tu comprends pourquoi ? »
Toutes ces questions appellent des réponses qui n’ont rien d’ultra violent…
La jeunesse a soif d’idéal, de solidarité, d’amitié, de fraternité, et le gouvernement décide qu’ils doivent renoncer à tout cela pour devenir de vrais citoyens. Ainsi, le vainqueur sera le plus individualiste, le plus impitoyable, le plus violent ! Ca en dit long sur la nature même de ceux qui dirigent le pays !
Vous voulez intégrer la société ? Prouvez que vous êtes la pire ordure qui soit, et vous aurez ce droit !
Ce n'est plus la loi du plus fort, c’est la loi du plus fou, et le zoom sur le visage de la gagnante de la précédente session, est éloquent !
Le réalisateur a su tirer le meilleur parti du scénario, en faisant glisser progressivement l’ambiance du film de l’action pure à l’allégorie surréaliste.
Au final, le film est beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. La réussite est totale.
Je n’en dirai pas autant du second opus. Le propos social s’efface et laisse place à une histoire de rébellion qu’il faut mater à tout prix. Battle Royale 2 est un film de guerre, rien de plus. L’action est beaucoup moins fun que dans le film précédent. Les quelques idées empruntées au premier sont réutilisées artificiellement. Pour preuve cette histoire de colliers couplés. Si les deux membres du binômes sont trop éloignés, les deux meurent. Quel intérêt de tuer les membres du commando inutilement, alors que l’objectif est de prendre d’assaut une forteresse ? Moins il y a d’homme, et plus l’objectif sera compromis… Idiot, tout simplement idiot !
Battle Royale rate à peu près tout ce qu’il tente de mettre en place. C’est fade, parfois mal joué (il faut voir le méchant grimacer !), et parfois filmé bizarrement (quelques références de mauvais goût au soldat Ryan.)
Bref, je n’ai pas accroché une seule seconde.
Je ne savais pas qu’il y avait un troisième opus. Est-ce vrai ?